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Économie

Tout est-il à vendre?

Cela fait beaucoup d'instruments disponibles. Il faut s'en servir avec précaution, sinon avec parcimonie, en envoyant des messages clairs aux milieux d'affaires quant à ce que l'intérêt public semble demander. Il ne faut surtout pas imaginer qu'en s'engageant dans cette voie, on manifeste une forme de protectionnisme attardé. On s'adapte plutôt au fonctionnement du capitalisme d'aujourd'hui, système dans lequel les États sont d'actifs participants.

Le projet Rabaska en est un bel exemple. C'est le projet conjoint de Gaz Métropolitain (contrôlé par la Caisse de dépôt), Embridge (privé) et Gaz de France (société d'État maintenant fusionnée à une entreprise privée, avec participation de l'État). Le gaz nécessaire au projet viendra peut-être de Gazprom (contrôlé par l'État russe) dans lequel la Caisse possède un bon paquet d'actions.

La Banque Nationale est la seule des six grandes banques à charte dont le contrôle, selon la loi canadienne sur les banques, peut changer de main (dans le cas des autres, un actionnaire ne peut acquérir plus de 20 % des actions). La Caisse possède des actions du groupe Power d'une valeur de 700 millions de dollars et des actions de la Banque Toronto-Dominion d'une valeur de 450 millions, mais n'en a aucune de la Banque Nationale. Est-ce un signal donné au marché? Il est vrai qu'elle n'en a pas non plus de la Banque Royale, mais il me semble que des signaux venant de la Caisse, du gouvernement ou des deux seraient utiles. Après tout, la Banque Nationale est la plus grande banque des PME québécoises.

Et puis – autre exemple – pourquoi a-t-on fait à Alcan ce somptueux cadeau d'une reconduction anticipée de 30 ans – c'est-à-dire jusqu'en 2058 – du bail de la rivière Péribonka, d'où l'entreprise tire son électricité à moins d'un cent le kWh? Il restait pourtant 20 ans «à courir». L'entreprise a aussi reçu un prêt de 400 millions de dollars sans intérêt pour 30 ans. Peu de temps après, Alcan vendait tout à Rio Tinto à un prix spectaculaire. La Caisse avait des actions et a donc fait un bon profit. Mais on aurait pu faire mieux pour le Québec.

Ce n'est pas facile de jouer un vrai rôle sur la scène mondiale et de favoriser, en même temps, la prospérité du pays. Mais c'est un beau défi.